Comme nous l’avons vu dans l’article précédent, il convient de définir ce que nous entendons par risques psychosociaux avant d’entamer toute démarche de prévention. Le stress étant très représenté dans la famille des RPS, je vous propose donc de définir dans un premier temps ce qu’est le stress, puis de donner quelques éléments de gestion du stress.
Qu’est-ce que le stress ?
Face à un agent stressant (un changement, une nouveauté, une agression,…), le cerveau va procéder instantanément et automatiquement à une analyse de la situation : « La situation est-elle dangereuse ? Nuit-elle à mon bien-être physique et/ou moral ? ». Si la réponse est négative, il n’y aura pas de stress ressenti. Si, au contraire, le cerveau estime qu’il y a un danger potentiel, il va procéder à une évaluation secondaire en se posant la question suivante : « Ai-je les moyens d’y faire face ? ». Si la personne considère pouvoir y faire face, il y aura peu ou pas de stress mais, dans le cas inverse, une réaction de stress aigu se déclenchera. En cas de stress aigu, l’organisme va alors réagir par une décharge d’adrénaline qui induira, entre autres, une augmentation des pulsations cardiaques, une augmentation de la fréquence respiratoire ainsi que des changements dans le tonus musculaire.
Prenons un exemple concret : si vous entendez une alarme incendie, la réponse à la première question (« Y a-t-il danger ? ») dépendra du contexte. Si vous savez qu’il s’agit d’un exercice d’évacuation incendie, il n’y a pas de danger, vous ne stresserez pas. Dans le cas contraire, vous savez qu’il y a un danger potentiel, vous vous poserez donc inconsciemment la seconde question : « Quelles sont mes ressources pour faire face à ce danger ? ». Si le hasard fait que vous avez eu, la veille, une présentation du plan d’évacuation, vous ne stresserez pas car vous avez les moyens de faire face à cette situation. Dans le cas inverse, une réaction de stress aigu se déclenchera dans les quelques secondes pour vous permettre de faire face à la situation : l’augmentation de la fréquence cardiaque permettra un afflux de sang au cerveau (pour prendre les bonnes décisions) et dans les muscles (… pour courir plus vite). Cette réaction de l’organisme aura permis de réagir efficacement face à l’agent stressant et tout rentrera dans la norme en quelques heures, sans répercussion négative.
Prenons maintenant l’exemple de votre chef de service qui a tendance à vous parler de façon sèche quand il vous demande quelque chose. Vous ressentez un danger (« il ne doit pas m’apprécier, je pourrais perdre mon poste ») et vous manquez de ressources (« je ne sais pas comment lui dire que cette situation est pénible pour moi ; je ne sais pas ce qu’il attend de moi ») ; une réaction d’alarme (stress aigu) se déclenchera donc. Si vous voyez votre chef tous les jours (ce qui est très probable) votre organisme n’aura pas le temps de récupérer et après quelques mois vous serez en stress chronique.
De ce modèle découle la définition retenue dans le monde du travail (ANI, 2 juillet 2008): « Un état de stress survient lorsqu’il y a un déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face. L’individu est capable de gérer la pression à court terme mais il éprouve de grandes difficultés face à une exposition prolongée ou répétée à des pressions intenses ».
Nous comprenons par cette définition que l’évaluation est subjective : chacun perçoit différemment ce qui lui est demandé (= les contraintes imposées par son environnement) et ce qu’il peut donner en réponse (= ses propres ressources).
Autant le stress aigu est vital pour notre adaptation à l’environnement, autant le stress chronique est néfaste car il peut avoir de nombreuses conséquences négatives au niveau de l’individu :
- Conséquences psychologiques (troubles anxieux, dépressifs)
- Conséquences somatiques (troubles du sommeil, eczéma, troubles cardio-vasculaires, maux de dos, de ventre, de tête, …)
- Conséquences comportementales (agressivité, irritabilité, démotivation, comportements de dépendance à l’alcool ou au tabac par exemple,…).
Dans un second temps, ces différentes conséquences vont avoir des répercussions sur l’entreprise (absentéisme, augmentation du risque d’accident du travail, diminution de la performance,….) induisant un coût financier très élevé.
Si un monde sans stress n’est pas envisageable (« le stress, c’est la vie »), il faut limiter le stress chronique pour en restreindre les conséquences.
Comment gérer son stress ?
Dans le cadre d’une démarche de prévention, il est bien entendu que le stress doit être traité prioritairement en amont dans l’entreprise (évaluation des risques, des « points de tension » puis mise en place d’actions limitant ces risques) ; cependant, dans le cadre d’une prévention secondaire, il peut être intéressant que les salariés soient également formés, au niveau individuel, à la gestion du stress.
Il existe deux grandes façons de gérer le stress:
1. Les stratégies qui vont permettre de « s’attaquer » au problème lui-même :
- La méthode de résolution de problèmes : apprendre à prioriser, identifier des solutions ainsi que les moyens nécessaires à l’application de ces solutions.
- La recherche de soutien social, d’aide morale et matérielle afin de résoudre le problème
- Les techniques de gestion du temps (qui est l’une des grandes sources de stress à l’heure actuelle et que nous pourrons détailler un jour….)
- La recherche d’informations
- Le développement de l’affirmation de soi : apprendre à dire non, à émettre une critique, à faire une demande…
2. Les techniques axées sur les émotions : ce sont des stratégies qui permettent de diminuer l’émotion négative suscitée par le problème. Attention toutefois, car certaines stratégies permettent de se sentir mieux sur le moment présent mais induisent des conséquences secondaires (stratégies « dysfonctionnelles »).
Exemples de stratégies dysfonctionnelles:
- L’évasion/le déni = ne pas penser ou ne pas parler du problème, s’imaginer dans un autre monde
- La fuite dans l’alcool, la nourriture, le sommeil, les drogues,…
Exemples de stratégies fonctionnelles (donc à développer en priorité):
- Le partage des émotions négatives avec ses amis, ses collègues, sa famille,…
- La diversion sociale : rencontrer des amis, faire partie d’une association,…
- La distraction : le sport, la musique, les hobbies,…
- Les techniques de relaxation et de respiration : yoga, sophrologie, méditation pleine conscience,…
De façon générale, on considère qu’il convient d’adopter une stratégie centrée sur le problème si l’on pense pouvoir modifier la situation. A l’inverse, si on n’a aucun contrôle possible sur le problème, il convient de réguler ses émotions.
L’idéal sera d’apprendre à développer les deux types de stratégies et de les adapter en fonction de sa propre personnalité et du contexte.
Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour détailler une des stratégies de gestion du stress : le sport.
- Vous pouvez, si vous le souhaitez, utiliser cet article (ou tout autre ultérieur) pour votre communication interne en précisant la source
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