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La reconnaissance en entreprise (ou "dîtes moi que j'existe")

Le sujet de la reconnaissance au travail interpelle, preuve en est le succès qu’a eu la conférence de Christophe Laval organisée par l’ANDRH et l’IAEle 17 septembre à

Dijon avec plus de 200 participants.reconnaitre

L’importance des signes de reconnaissance dans la vie

Tout individu se nourrit de signes de reconnaissance et c’est aussi important que de  boire ou de manger ; sans cette « nourriture » on dépérit. Nombre d’entre nous restent choqués par les images d’enfants qui dépérissaient, faute d’attention, dans les orphelinats roumains.

Un signe de reconnaissance peut être positif (compliment, félicitation,…) ou négatif (jugement ou critique négatifs). Il est peut être verbal (bonjour, merci, …) ou non verbal (un clin d’œil, un sourire, un geste brutal).

Voici quelques règles dont il faut avoir conscience :

– Pour obtenir le même effet psychique, il faut dix fois plus de signes de reconnaissance négatifs que de signes positifs

– Un signe de reconnaissance positif sera d’autant plus intense qu’il sera approprié, dosé, personnalisé, argumenté et sincère

– Les signes de reconnaissance étant indispensables, si nous ne trouvons pas de signes positifs, nous irons chercher des négatifs (…c’est ce qui est expliqué aux parents d’enfants dits « turbulents »…): être haïs plutôt qu’ignorés. Un salarié qui se sent mis à l’écart d’une réunion de travail peut ainsi mettre en place des stratégies plus ou moins conscientes pour se faire remarquer en tapotant son stylo contre la table ou en renversant son verre.

chaudoudoux

Pour découvrir plus loin ce concept de signes de reconnaissance (issu de l’analyse transactionnelle), je vous conseille la lecture du conte « chaud et doux des chaudoudoux de Claude Steiner. Ce peut être également un excellent support pour expliquer ce concept aux enfants…

  http://humanismepur.free.fr/contes_poemes/chaudoudous.php.

L’impact d’un manque de reconnaissance dans l’entreprise

Environ 60% des salariés se plaignent d’un manque de reconnaissance lors des diagnostics de risques psychosociaux ; c’est ainsi la cause n°2 du stress au travail, après la surcharge de travail. Ce facteur de stress est très impactant : il peut multiplier par quatre le risque d’une détresse psychologique élevée.

En plus d’un impact sur la santé mentale, on observe un impact sur la productivité. A la question ouverte posée dans un sondage IPSOS « Pourquoi votre motivation baisse-t-elle ? », la première réponse citée, 6 ans de suite, est  « le manque de reconnaissance » (un salaire trop faible est ensuite évoqué).

Comment reconnaitre en entreprise ?

La reconnaissance peut être formelle ou informelle, elle peut être également collective ou individuelle.

Quatre grands types de reconnaissance peuvent être exprimés :

–          La reconnaissance existentielle : un bonjour, un sourire, le droit à la parole qui me confirme que j’existe ; mes supérieurs hiérarchiques et collègues qui me soutiennent et me valorisent, un soutien  lors d’un événement difficile, une carte d’anniversaire de la part d’un collègue.

–          La reconnaissance de la pratique de travail, des compétences techniques ou comportementales : des compliments sur le « faire », une demande d’assurer un tutorat, un affichage des remerciements d’un client satisfait

–          La reconnaissance de l’investissement dans le travail : une prime exceptionnelle pour souligner les efforts effectués (indépendamment de l’atteinte d’objectif), une participation à un colloque, une cérémonie de reconnaissance des efforts investis dans un projet.

–          La reconnaissance des résultats : on reconnait l’efficacité, la qualité, l’utilité du travail. Une prime au prorata des résultats, un « tableau d’honneur » pour souligner les réussites, une lettre personnalisée pour souligner la contribution d’un membre de l’organisation à l’atteinte d’un objectif, l’affichage des réussites d’une équipe sur l’intranet. Chez Renault, a été instauré un « quart d’heure bravo » au cours duquel les managers félicitent leurs collaborateurs sur un de leurs accomplissements.

On constate ainsi que la reconnaissance est loin d’être uniquement monétaire…

Christophe Laval, excellent conférencier, signale que les demandes évoluent d’une reconnaissance de « gratitude » vers une reconnaissance «intégrative » : pouvoir participer, être écouté, pouvoir se manifester au sein de l’entreprise.

Par ailleurs, pour les moins de 30 ans, la reconnaissance de leurs collègues semblent plus importante que celle de leurs hiérarchiques.

Les freins pour pratiquer la reconnaissance en entreprise

De l’avis commun des managers et des salariés, ce qui manque le plus pour pouvoir pratiquer la reconnaissance dans l’entreprise ce sont le temps et la confiance.

D’autres obstacles peuvent aussi freiner la mise en place d’actions visant à reconnaître la contribution du personnel au sein de l’entreprise : la peur de perdre du pouvoir, la méconnaissance d’autrui, le désir d’être équitable et la difficulté à interagir avec autrui.

En plus d’un travail sur ces différents freins, signalons comme facteurs clés de réussite l’authenticité  et un vrai désir de l’équipe dirigeante d’aller dans ce sens.

 

J’aimerai conclure par une phrase de Christophe Laval : « Il ne faut pas témoigner de la reconnaissance parce qu’il y a de la performance, mais démarrer par de la reconnaissance pour avoir de la performance »…

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