L’affirmation de soi est la capacité à exprimer ce que l’on veut, ce que l’on pense, ce que l’on ressent, sans anxiété excessive, tout en respectant les autres et sans redouter la confrontation.
A l’occasion de la sortie du jeu des 7 familles « Affirmez-vous » chez Sophie Morin Conseils, je vous propose une brève initiation à cette technique, étant intimement convaincue que si nous étions tous formés à cet outil, et ce dès notre plus jeune âge, le monde de l’école et de l’entreprise se porteraient mieux.
Petite histoire de l’affirmation de soi
L’assertivité nait aux Etats-Unis au milieu du 20 ème siècle. Ce n’est sans doute pas un hasard si ce concept apparait en parallèle du mouvement des droits civiques qui embrasse le sud des États-Unis avec une vie sociale dominée par la ségrégation. Ainsi, les méthodes employées par Martin Luther King, et également par Gandhi en Inde, dans leurs luttes non-violentes s’inscrivaient dans une attitude assertive.
Dans les années 1970, lors d’un voyage aux Etats Unis, Dominique Chalvin, se rend compte que la traductrice ne peut traduire en français le terme « assertiveness » et il en tire la conclusion que « si le mot n’existe pas en français, c’est sans doute que le concept n’existe pas en France ». C’est ainsi qu’est importée la technique d’affirmation de soi, avec la mise au point d’un questionnaire permettant de déterminer les attitudes les plus fréquentes chez une personne lors des interactions sociales.
L’affirmation de soi sera surtout développée dans un premier temps par les psychothérapeutes d’orientation cognitivo-comportementale qui y voient un outil-clé pour traiter les phobies sociales et la timidité. Depuis, l’affirmation de soi, a fait son entrée en entreprise et dans les formations (formations au management, prise de parole en public, gestion des conflits, gestion du stress professionnel…).
Les différentes attitudes possibles lors des interactions sociales
On peut définir 4 types de comportements :
- Le comportement passif : la personne n’ose pas, n’exprime pas ses besoins et laisse toute la place à l’autre. La motivation principale alors est de ne pas générer de conflits.
- Le comportement agressif : la personne impose ses besoins et ses désirs à l’autre sans le respecter. La motivation principale est d’obtenir ce que l’on désire.
- Le comportement manipulateur où, pour obtenir ce qu’elle veut, la personne va « ruser ». C’est une personne qui veut obtenir, mais sans générer de conflit.
- Le comportement affirmé : la personne exprime ses besoins et ses désirs en respectant les besoins et les désirs de l’autre. C’est « l’équilibre relationnel ».
Les comportements de passivité et d’agressivité ont tendance à s’exprimer de façon réflexe dans les situations difficiles (nous sommes programmés à la fuite, à l’inhibition et au combat face à un stresseur). Ces attitudes sont génératrices d’émotions négatives, de tensions, d’incompréhension et de perte de temps.
A l’inverse, l’assertivité permet des actions réfléchies et adaptées aux différentes situations qu’elles soient personnelles ou professionnelles.
Notons que le niveau d’affirmation de soi peut varier selon les domaines : au niveau social, au niveau professionnel, au niveau amical ou au niveau intime. On peut donc être affirmé dans un domaine et moins dans les autres.
La notion de droits
L’affirmation de soi est plus qu’une compétence, c’est un état d’esprit, une philosophie dans lesquels la notion d’égalité de droit est essentielle : j’ai autant de droit que les autres, ni plus ni moins.
Si je donne plus de droit aux autres, je suis dans la passivité ; si j’estime que mes droits sont plus importants que ceux des autres, je suis dans l’agressivité ou la manipulation.
Les droits (les nôtres et ceux des autres) peuvent être définis ainsi :
- Le droit d’exprimer nos émotions
- Le droit de faire des erreurs
- Le droit de prendre soin de soi
- Le droit de dire comment nous voulons être traités
- Le droit d’accepter de l ‘aide sans être coupable
- Le droit de dire « non »
- Le droit d’avoir des besoins
- Le droit d’être responsable de nos choix.
Dans cette optique, j’ai le droit de demander et l’autre a le droit de refuser. J’ai le droit d’émettre une critique et l’autre a le droit de décider de ne pas changer.
Les principes clés
Concrètement, si vous avez un comportement affirmé :
- Vous parlez en « je »
- Vous exprimez vos besoins et vos désirs
- Vous respectez équitablement les besoins et les désirs de l’autre
- Vous parlez autant que vous écoutez l’autre
- Vous êtes direct, clair et précis dans votre expression
- Vous regardez l’autre en face, votre posture est décontractée, votre voix est claire et suffisamment forte.
- Vous avez une gestuelle adaptée : gestes posés, calmes et il y a congruence entre messages non verbaux et état émotionnel (inutile de se forcer à sourire si vous êtes très en colère).
- En cas de conflit d’intérêts, vous cherchez un compromis.
Cela suppose d’acquérir deux compétences majeures :
Apprendre à communiquer de façon factuelle et précise
Apprendre à identifier ses émotions et ses besoins afin de les révéler ensuite à l’autre
Simple à comprendre, difficile à appliquer ?
L’affirmation de soi n’est pas un comportement inné mais appris (via l’éducation et les expériences personnelles). Les personnes à défaut d’affirmation de soi n’ont jamais appris à s’exprimer ainsi ou ont grandi dans un environnement qui ne les a pas autorisées à s’affirmer (parents timides, surprotecteurs ou trop autoritaires).
Développer l’affirmation de soi consistera à apprendre à :
- Faire une demande
- Répondre à une demande (dire « oui », « non » ou négocier)
- Faire une critique
- Répondre à une critique (justifiée ou non justifiée)
- Faire un compliment (non manipulatoire)
- Répondre à un compliment
…mais aussi engager, poursuivre et arrêter une conversation
Pour vous affirmer il vous faut déjà faire la chasse aux pensées négatives afin de les remplacer par des pensées constructives, plus aidantes (pour exemple la pensée : « je ne peux pas lui demander cela, ça va le déranger » sera remplacée par « je peux lui demander si je le dérange »).
La seconde étape consiste à suivre une certaine « méthodologie » (que vous pouvez découvrir dans le livre de Frédéric Fanget « Affirmez-vous » chez Odile Jacob).
Pour exemple, quand vous souhaitez faire une critique, vous appliquez la technique du DESC :
- D: Décrivez factuellement le problème
- E : Exprimez vos émotions envers l’acte critiqué (donc parlez en « je »)
- S : Proposez une solution
- C : Enoncez les conséquences positives émotionnelles que le changement pourrait engendrer
Ainsi, plutôt que de dire « Tu es toujours en retard », vous direz : « Cela fait 5 fois ce mois-ci que tu es en retard de 10 minutes. C’est quelque chose qui me met très en colère car je suis pénalisé dans le démarrage de mon propre travail. Ce que je te propose, c’est de m’envoyer un sms quand tu es en retard, ce qui me permettrait de démarrer autre chose en t’attendant. J’aurais moins l’impression de perdre mon temps».
Ensuite, lancez-vous, osez, tout en vous donnant le droit d’échouer (toutes vos demandes ou critiques n’aboutiront pas…).
Comme tout apprentissage, l’affirmation de soi nécessite de l’entrainement : c’est une attitude qui s’apprend tout au cours de la vie de l’individu et se développe au contact des autres.
Commencez par des exercices qui sont un défi pour vous mais qui sont atteignables (ex : demander l’heure dans la rue aux passants). Ces exercices simples sont à répéter régulièrement puis vous augmenterez peu à peu le niveau de difficulté.
L’un des problèmes consistera, sous stress, à ne pas vous laisser « envahir » par vos comportements réflexes (fuite ou agression). Plus vous vous serez entrainés « à froid », hors situations sensibles, plus vous aurez de chances d’inscrire des comportements positifs qui remplaceront vos comportements réflexes lors des situations stressantes.
Les avantages à développer des comportements affirmés
L’affirmation de soi permet, dans la grande majorité des cas, de :
- Maintenir de bonnes relations avec les autres, voire de les améliorer
- De ressentir de la fierté (fierté de s’être exprimé(e) et d’avoir respecté l’autre)
- Développer un sentiment de confiance en soi et d’estime de soi
- Augmenter ses chances d’obtenir ce dont on a besoin ou envie
- Diminuer les situations de stress en refusant certaines situations
- Augmenter son efficacité au travail : dire non aux demandes inadaptées, faire une demande d’aide…
- Améliorer ses compétences managériales et son leadership en apprenant à faire des critiques et des compliments
Si cet article vous a donné envie de développer cet outil dans votre entreprise, ou à titre personnel, n’hésitez pas à nous contacter concernant notre programme de formation « affirmation de soi » ou pour le jeu des 7 familles « Affirmez-vous ».
Je terminerai cet article par une citation de Sénèque « Ce n’est pas parce que c’est difficile qu’on n’ose pas, c’est parce qu’on n’ose pas que c’est difficile ».